Certains ne savent trop quoi penser des Mondes de Thorgal, série dérivée de Thorgal (le grand, le génial) qui vient décrypter, éplucher, analyser un à un chacun des personnages phares de l’histoire. J’ai même ouï dire par quelques pessimistes qu’il s’agissait uniquement de se faire des sous-sous chez Le Lombard et que ces albums tout frais nouveaux ne vaudraient en rien les originaux.
Alors, certes, le trait n’est pas celui de Rosinski ; certes, les lecteurs assidus de Thorgal sont très habitués aux couleurs directes, technique sublissime qui donne aux albums de la série une dimension extraordinaire, comme si chaque vignette était un tableau ; mais rappelons que Thorgal, à ses débuts, ressemblait beaucoup à ce que nous retrouvons aujourd’hui dans Les Mondes de Thorgal, donc on n’est aucunement dépaysé. Les personnages thorgaliens, les thèmes qui sont abordés dans la BD etc. correspondent parfaitement à ce que l’on connaît déjà, seul le découpage du dernier Louve me semble légèrement trop éloigné de la base à mon goût, mais je suis un brin tatillon. Reste cette petite touche d’exotisme apportée par la nouveauté des collaborations et ça, c’est quand même sympathique.
Il faut donc bien remettre les choses à leur place. Il n’est pas question de comparer le trait de Rosinski qui a eu tout loisirs de se perfectionner au fil des presque 30 tomes de la série et le trait des petits nouveaux, à savoir De Vita pour Kriss de Valnor et Surzhenko pour Louve. Car en ce cas, il est certain, les autres ne font pas le poids contre l’un. En revanche, placé hors de cette compétition ridicule, De Vita et Surzhenko s’illustrent parfaitement, usent avec sérieux des codes de la saga, maîtrisent avec beaucoup de dextérité une série sur laquelle les regards s’avèrent toujours très sévère car ô combien cotée.
J’ajouterai que, plus destinée (malgré tous les dires de ses auteurs) aux férus de la BD avides de connaissances et de révélations qu’aux tous jeunes initiés, même s’il est vrai que lire Les Mondes de Thorgal sans ayant jamais lu Thorgal ne pose en soi aucun problème de compréhension, ce prolongement tient en tout cas ses promesses : pas de prouesses graphiques mais une action toujours palpable, un scénario toujours aussi palpitant, une histoire toujours aussi poignante. Il suffit pour en être convaincu de s’attarder quelques instants sur la chose : déjà 3 tomes pour Kriss de Valnor et pas une once d’essoufflement et du côté de Louve, un véritable choc déconcertant. C’est déjà plutôt bon signe et même un véritable coup de force pour deux personnages inoubliables et insubstituables mais qui restent néanmoins des caractères secondaires.
Aussi, des Mondes de Thorgal il faudra retenir qu’en plus de leur grande qualité esthétique, ils rassasieront tous les affamés de nouveauté, qui ne sauraient pas attendre la livraison orfèvrique de Rosinski.
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Et pour prolonger le plaisirs, un volume inédit décrypte le décrypytage, pour être incollable sur Les Mondes de Thorgal. Des interviews des
auteures, des crayonnés, des planches inédites... Pour les fans et les autres !
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