Beaucoup critiquent Green Day, leur reprochant de faire une musique trop commerciale, de ne pas être anglais (comme si pour être un bon rockeur, il fallait être né à Londres) et surtout de ne pas être de vrais punks. Personnellement, je crois qu'il est temps de dire aux punks puristes qu'à force de faire dans la sélection, ils s'éloignent de leur idéal et surtout, ils finiraient bien par en oublier le plus important dans cette histoire : LA MUSIQUE.
Il m'aura suffit d'acheter Kerplunk pour être persuadée que Green Day n'était pas seulement une bande de bonshommes qui se peignent le contour des yeux en noir et rentrent sagement se coucher le soir. Il m'aura suffit d'acquérir Bullet In A Bible, pour être convaincue du talent et du génie de Billie Joe Amstrong et des ses acolytes.
Car certes, Green Day traîne encore et toujours ses accents américains. Certes, sa musique est encore fortement marquée par le rock US. Certes, le groupe mise beaucoup sur le look. Certes, Green Day jouit d'une promotion irréprochable digne de ces stars qui additionnent les tubes sans consistance (et en soi, tout cela ne me semble pas si blâmable). Mais derrière ces aspects, se cache autre chose, de bien plus profond.
Avec Bullet In A Bible, album live de la plus belle tournée du groupe, on redécouvre l'incroyable énergie, la phénoménale vitalité et l'extrême vitalité de Green Day. Epuré et audacieux à la fois, le groupe s'est offert, le temps d'un concert, la plus belle chance de prouver au Monde sa crédibilité et il n'y a pas manqué.
Car au son de la chanson Jesus Of Suburbia (Le Jésus de la Banlieue), sorte de symphonie punk poignante en 5 actes décrivant avec émotion une société où tout n'est qu'illusion, où tous sont désabusés, lorsque s'engage le premier vers I'm the son of rage and love (Je suis le fils de la rage et de l'amour) commence alors un portrait bouleversant d'une jeunesse prête à tout pour exister et ce autrement que la manière dont on l'a définit. Billie Joe, parolier exceptionnel, joue du être / paraître lors de In a land of make believe (Dans un univers de croyances) That don't believe in me (Qui ne croit pas en moi) et théorise ainsi l'exaspération d'une jeunesse aux rêves déjà brisés. Cette chanson, surtout porteuse d'espoir quand elle annonce To run, to run away (Courir, s'échapper) ; To find what you believe (Pour trouver ce en quoi on croit) définit, avec un sens nouveau la liberté : être en accord avec soi-même sans se soucier du regard des autres.
Green Day s'impose aussi, comme un groupe engagé, exposant une vision réaliste du monde. Avec American Idiot (idiot américain), il décrit ainsi la société américaine comme une nation sous l'emprise des médias. Green Day en profite pour dénoncer la société de consommation, qui fait de l'american idiot (allégorie de la stupidité américaine) un être qui ne sait plus penser par lui-même.
Green Day n'hésite pas non plus à prendre position contre la guerre avec Wake Me Up When September Ends (Réveille-moi quand septembre finit) et surtout Minority (Minorité), chanson qui rappelle aux dirigeants de tous les pays du Monde Libre que ceux qui dirigent restent encore ceux qui les ont élus et que le peuple a décidé que la guerre était finie, comme le clame la bande dans Holiday (Vacances).
En plus du fond, la forme de ses chansons restent pour moi absolument remarquable, tant sur le plan vocal (Billie Joe Amstrong n'a rien à envier aux Clash, sa voix porte et fait vibrer tous ceux qui sauront l'écouter) qu'instrumental (la rigueur punk est complètement de mise).
Il suffira aux plus incorruptibles d'entre vous d'entendre Good Riddance (Bon débarras) pour en être convaincus, Green Day n'a pas fini de nous faire pleurer / sourire / chanter (et certainement les trois à la fois).
A consommer sans modérations !
commenter cet article …