Vous vous souvenez certainement de mon dernier article sur les BB Brunes, j’avais bien encensé le titre Cul et Chemises en prévoyant un tournant musical prochain qui promettait une belle surprise (lien), mais j’avais aussi craché très fort (lien) : je n’aime pas le plagiat. Et chez les BB Brunes, l’idée de toujours chercher l’inspiration chez le voisin me semblait maladive. Oublions donc leur kleptomanie musicale, elle est loin. Et comme je ne suis pas rancunière j’ai même acheté Long Courier, nouvel album de la bande, qui me semble aussi le plus réussi.
(et en version collector en plus... j'suis une diiiiide une diiiiiingue)
Les BB Brunes s’affichaient jadis clope au bec et sur la pochette, criant des dictionnaires de stupéfiants pour se s’assurer de bien être accepté dans le « drugs, sex and rock’n roll », aujourd’hui le gang est vraiment rebelle. Qu’importe s’il est plus bankable de chanter in english, pour les BBB, c’est french only, et qu’importe aussi si les synthés dans le rock c’est hasbeen, chez les Brunes BB on cherche la beauté.
Loin des niaiseries coquettes (mais qui avaient tout pour séduire les fans pré pubères du groupe) de Nico Teen Love, loin, mais pas si loin quand même, du rock sal, brutal et pourtant encore maladroit de Blonde Comme Moi, le gang nous a concocté un savant melting pot de tout ce qui fait son génie. Un brin snob à l’heure du second épisode, les BB Brunes ont cessé de renier leurs maîtres pour mieux s’en inspirer, ont cessé de rejeter les synthés, pour en user tout en subtilité. Dans Long Courier, c’est un voyage dans l’éclectisme, la qualité et le raffinement que nous offrent les quatre musiciens, tout en restant rock s’il vous plaît.
Tout commence avec Grande Rio, titre électrique qui vole haut, très haut, porté par la voix d’Adrien Gallo, dont on n’ose imaginer combien elle couvre d’octave, la chanson nous offre une belle envolée de synthés, accompagnée d’une mélopée de cordes savamment maîtrisée.
La suite, Coups et Blessures, titre phare de l’album, renoue avec les thèmes amour-haine chers au gang, dont les paroles révèlent encore toute la splendeur des accents juvéniles de la voix du chanteur, dont la voix suraigüe et douce apporte ce délice si exquis dont les chansons des BB Brunes regorgent.
Viens ensuite le titre Bye Bye, où le souffle nicotiné et suave de la voix rock cohabite avec une mélodie qui distille savamment envolées électroniques et riffs ensorcelants.
Avec Stéréo, on atteint le Nirvana, lorsque le « Mais la nuit, moi jamais, je ne dors » résonne et que la puissance du groupe rejoint le son des groupe indies pour nous évoquer ses premiers titres excellentissimes aux accents garages.
Un petit goût vintage et on embraie sur Hémophile, chanson plaisante et pop, mais toujours rock tant dans les paroles que dans sa musique. Un petit travail d’orfèvre pas déplaisant donc.
Ajoutez à cela un Rue de Buci aux rimes subtiles et savantes, malicieuses et exaltantes qui accompagnent un air sublime, électrique, synthétique, presque aphrodisiaque et ceux qui voudraient dire « aseptisé » se tromperaient car il n’en est rien.
Vient ensuite un Long Courier, à la première écoute presque empreint de la marque Renan Luce, mais à y regarder de plus près, les paroles, lourdes de sens, viendront nous détromper, car il règne toujours cette électricité statique, constante.
Lala Queen vient confirmer le désir des BB Brunes de ne plus rien regarder de haut. Très teinté de Prince, le titre déborde de pop branchée et de turpitudes denses / danse…
Aficionado, quant à lui, me semble l’une des chansons les plus réussi de l’album. Alliant la puissance rock et rebelle de ses débuts à la beauté vocale du 2e opus, le tout marié aux synthés parfaitement dosés, le groupe nous offre un titre d’une qualité époustouflante aux paroles enfin dignes de la mélodie. Je finirai par saluer la très belle référence à Apollinaire dans RIP, qui à mon avis séduira tous ceux qui adulaient le premier album. Ce titre, rebelle et presque punk parvient à marier Les Babyshambles et la poésie. C’est là un vrai coup de génie.
Les BB rockeurs sont devenus grands, enfin un peu plus. Finis les copies conformes, finies les emprunts gênants, les voilà revenus avec un travail de géants.
Les BB Brunes sont devenus un style à part entière. C’est là toute leur force.
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